Description / objectifs du projet

 

Depuis 2019, le séminaire Enfances et sociologies vise à étudier et faire dialoguer des recherches sociologiques actuelles qui prennent l’enfance comme objet d’étude. Lien : Enfance(s) et sociologie(s) – CREAD (cread-bretagne.fr)

Il donne la parole à des chercheuses et chercheurs junior ou senior (France et international), en dialogue avec les travaux (notamment doctoraux) et les orientations scientifiques du CREAD.

Dans une démarche épistémologique, une attention particulière est portée à clarifier les divers cadres théoriques, et traditions, sociologiques, mobilisés pour penser les rapports et liens entre l’enfant et la société. Un souci de dialogue entre champs, traditions, sections, est à l’œuvre.

La notion d’émancipation (enfantine) est également mobilisée conformément au programme scientifique du laboratoire CREAD.

Contact : ghislain.leroy@univ-rennes2.fr

Mots-clés : Enfance, sociologie, socialisation, école, famille, émancipation, psychologie.

 

Année 2023-24

Le séminaire se tient en présentiel à l’université Rennes 2. Mais il est possible de s’inscrire pour obtenir un lien zoom pour les personnes qui le souhaitent. Envoyer pour cela un mail à : seminaireenfancesetsocio@gmail.com

comité d’organisation : stephanie.quirino-chaves@univ-rennes2.fr (à mettre en copie des échanges)

 

Vendredi 1er décembre 2023, 10h-12h30 : Le paradigme des rapports d’âge et l’analyse sociologique de l’enfance Université Rennes 2, visio – zoom 

1) Juliette Rennes, Directrice d’études de l’EHESS, Directrice du Centre d’étude des mouvements sociaux – CEMS : Questions sociologiques autour des rapports d’âge

Vendredi 2 février 2024, 13h30-16h30 : Contrôles de l’enfance et justices

visio – zoom

1) Nicolas Sallée,  Professeur et directeur scientifique du CREMIS, Département de sociologie, Université de Montréal : Présentation de l’ouvrage : Sous la réhabilitation, le contrôle. La justice des mineurs au XXIe siècle (2023)

Réactante : Stéphanie Rubi, professeure des universités en sciences de l’éducation (Paris Cité / CERLIS)

2) Bruno Voirnesson, docteur en sciences de l’éducation (CREAD) : Expériences subjectives des sanctions scolaires

 

Vendredi 29 mars 2024, 9h-12h : Travaux récents autour des pratiques culturelles différenciées dans l’enfance. Enquête ELFE et travaux doctoraux récents

 zoom.

1) Behnaz Khosravi, Chercheuse postdoctorante, INED : Présentation des principaux résultats de l’enquête ANR LECTORES. Les enfants, la lecture, les écrans [Enquête ELFE, sous la direction de Bertrand Geay]

2) Garance Deleris, doctorante ENS Lyon / centre Max Weber / ATER sciences po  : Pratiques culturelles et classements ordinaires des pairs dans l’enfance

 

Programme de l’année 2021-2022 :

Thématique retenue : « Dominations, socialisations et émancipations enfantines« , séminaire croisé entre le séminaire “L’enfance comme catégorie sociale” (CRESPPA, GTM) et le séminaire “Enfance(s) et sociologie(s)” (université Rennes 2, laboratoire CREAD).

Organisé par Kevin Diter, Ghislain Leroy et Tal Piterbraut-Merx

Ce séminaire donne à voir des recherches récentes, en particulier de doctorant.e.s, sur la question de l’enfance, dans les domaines de la sociologie, de la philosophie et des sciences de l’éducation. Il s’agit en particulier de mettre en lumière les résultats empiriques et les cadres théoriques souvent innovants qui les structurent, renouvelant les perspectives sur l’enfance et les sciences humaines.

Pour s’inscrire, envoyez un mail à : kev.diter@gmail.com, ghislain.leroy@univ-rennes2.fr et tal.piterbraut-merx@ens-lyon.fr, en précisant les dates choisies. Une modalité distancielle est privilégiée à ce stade. Nous tiendrons les inscrit.e.s au courant des possibilités éventuelles de présentiel et de co-modalité.

 

Séance 1 : Les théories contemporaines de l’enfance d’aujourd’hui. 19 novembre 2021, 9h30-12h

– Conférence d’introduction au séminaire, par Kevin Diter, Post-doctorant en sociologie (DEPS, Ministère de la Culture et EHESP), Ghislain Leroy, MCF sciences de l’éducation, Rennes 2, CREAD et Tal Piterbraut-Merx, Doctorante en philosophie (ENS Lyon, Triangle et CRESPPA, GTM).

– Laure Sève, doctorante en sociologie, LaSSP (Laboratoire des sciences sociales du politique) : « S’individuer, est-ce se distinguer ? Esquisse d’une approche des conditions sociales de production d’un individu « autonome » et « singulier » au cours de l’enfance »

 

Séance 2 : Enfances et institutions médico-sociales. 3 décembre, 9h30-12h

– Rachel Colombe, doctorante, Etudes de genre et Sciences de l’éducation, LEGS, Université Paris 8, ATER à l’Université de Limoges : « Enfant « intérieur » et « Maison » des Adolescents. Enjeux cliniques et politiques d’une spatialisation du grandir. »

– Gaelle Larrieu, doctorante en sociologie (OSC, Sciences Po) : L’implication des parents et des enfants dans les traitements hormonaux et chirurgicaux de normalisation des caractères sexuels dans l’enfance.

 

Séance 3 : Enfances, classements, discriminations. 7 janvier, 9h30-12h

– Solène Brun, post-doctorante, Institut Convergences Migrations/CNRS, chercheure associée à l’OSC (Sciences Po) : « Enfants non blancs et parents blancs. Socialisation et intériorisation de l’ordre racialisé dans deux types de familles racialement mixtes »

– Laura Foy-Berrached, ADEF, AMU, doctorante et professeure des écoles : la disciplinarisation des corps comme instrument de la construction d’un ordre scolaire racialisé

 

Séance 4 : Travail, argent, enfances. 4 février, 9h30-12h

– Saskia Meroueh, doctorante en sociologie au CENS, Université de Nantes : Les « enfants traités comme des adultes » ? Qualifier les relations entre adultes et enfants travailleurs

dans le cinéma et le mannequinat ».

– Marion Clerc, doctorante en sociologie (IRISSO, Université Paris-Dauphine) : La signification sociale de l’argent de poche

 

Séance 5 : Les violences sexuelles envers les enfants. 11 mars, 9h30-12h

– Simon Protar, doctorant en science politique (ENS Lyon, Triangle) : “Idéalisation et érotisation de l’enfance”

– Lucie Wicky, doctorante en sociologie (EHESS, CMH, Ined) : « Dominations et stratégies de résistances dans les parcours de violences sexuelles vécues par les garçons »

 

Séances 6 : Débats entre les participant.e.s du séminaire, 1er avril, 9h30-12h

 

Argumentaire du séminaire 2021-2022 :

Les travaux sociologiques et philosophiques s’intéressant aux processus par lesquels les enfants deviennent ce qu’ils sont ne manquent pas. De même que ceux qui se penchent sur la production et reproduction des inégalités matérielles et symboliques, que ce soit en termes de genre, de classe, et dans une moindre mesure de « race ». A l’inverse, toute une série de recherches, s’appuyant notamment sur la notion d’agentivité et de « voix », montrent la relative autonomie des enfants, ou de certains enfants, dans l’élaboration des règles et des normes qui régissent leurs activités, actions et représentations, et dans la réélaboration quotidienne du monde social.

Ces oppositions entre différentes théories de l’action (à l’échelle de l’enfant) tombent dans les mêmes travers d’artificialité et d’infécondité que ceux dénoncés par Norbert Elias il y a plus d’un demi-siècle dans les nombreux débats entre approches individualistes et approches holistes/structuralistes du monde social. Le défi intellectuel consiste donc moins à opposer ces deux types d’approches qu’à chercher à les articuler, en montrant qu’elles sont au final moins inconciliables qu’il ne le semble au premier regard. Cela nécessite un retour réflexif et épistémologique sur les définitions (socialement légitimes) de l’enfance, sur ce que signifient et à quelles types de dispositions renvoient les notions polysémiques d’« autonomie », de liberté, d’« agentivité » lorsqu’on parle d’enfants, alors même qu’ils sont plongés dans une situation marquée par la dépendance (économique, matérielle, symbolique, etc.) et la domination des adultes (parents, enseignant·es, animateur·es).

Trois principales pistes de travail peuvent être intéressantes à explorer pour dépasser cette fausse opposition et comprendre ainsi les réalités différentes dans lesquelles vivent les enfants, et s’interroger sur ce que seraient les conditions de possibilité de l’autonomie enfantine, et d’une « émancipation » des mineur-es.

Premièrement, comme tous les agents sociaux et politiques, les enfants sont inséré.es dans des rapports de domination multiples, qui vont définir le champ de leurs possibles. Au sein de ceux-ci, iels peuvent mettre en œuvre différentes stratégies et pratiques, et déployer des stratégies de résistance ; en somme, l’enfance n’est pas qu’une période d’incorporation des normes. Une attention renouvelée vis-à-vis de l’enfant comme acteur-ice social-e parmi d’autres invite alors à dépasser cette mise en adéquation entre l’enfance et l’acquisition de normes en vue de devenir adulte. Ceci suppose aussi d’être attentif aux différences d’agentivité entre les enfants selon les socialisations qu’ils ont connu, les préparant plus ou moins à faire preuve d’initiative.

Deuxièmement, il convient de décortiquer ce concept d’« agentivité » qui peut avoir des significations multiples. S’agit-il par exemple de savoir « s’écouter » (par exemple résister à certaines injonctions sociales) et/ou à l’inverse d’être un individu « force de propositions », prêt à endosser les devoirs/obligations propres au monde du travail contemporain ? Pour le dire abruptement, l’agentivité est-elle une nouvelle norme sociale ou une résistance ? A ce titre, si l’enfant fait preuve d’une agentivité telle qu’on lui transmet, est-il alors vraiment « acteur de soi » ? Il nous paraît ici intéressant de nous pencher sur les situations où une agentivité, nécessairement fruit d’un certain contexte socialisateur, se « retourne » contre lui ou lui résiste. La sociogenèse de la résistance (et de ses limites) aux contextes socialisateurs nous paraît ainsi une autre entrée pour penser les divers processus d’individualisation dans un contexte marqué par différentes formes de dominations, dont celle peut explorer théoriquement et empiriquement de domination adulte.

Troisièmement, en ce qui concerne les modalités de résistance, il nous semble également pertinent d’appréhender celles-ci à l’aune des institutions et de leurs effets : comment la famille, l’école et la justice construisent-elle l’enfance et ses pratiques ? Quelles en sont les conséquences sur les enfants ? La perspective émancipatrice de notre séminaire nous conduira à réfléchir aux conditions possibles d’une émancipation des mineur-es, qui peut être pensée de manières diverses, en prenant pour fil directeur la question d’une restructuration possible des institutions. Si celles-ci sont opératrices d’une vulnérabilité accrue des enfants aux violences, alors il paraît nécessaire de réfléchir à leur transformation.

Les différentes questions évoquées ici seront abordées de plusieurs manières tout au long du séminaire. A partir d’enquêtes empiriques menées auprès des enfants et/ou des adultes qui les accompagnent/encadrent, certain·es intervenant ·es s’intéresseront aux définitions sociales de l’enfance et à leurs variations historiques, culturelles et sociales. Plus précisément, elles et ils souligneront ce que signifie être enfant (aux yeux des enfants et des adultes), ce à quoi cette position/cet âge renvoie en termes de droits et de devoirs, ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas faire, doivent et ne doivent pas faire, sont autorisés à penser ou ne pas penser sous peine de se faire rappeler à l’ordre. D’autres aborderont plus spécifiquement les questions liées à la place et à la nature de l’ « action » enfantine au sein de la famille et de l’école. Elles et ils s’attacheront à décrire et à expliquer dans quelle mesure et sous quelle(s) condition(s) les enfants peuvent mettre à distance les injonctions adultes et s’émanciper des multiples rapports de dépendances dans lesquels ils et elles sont inscrit·es. D’autres enfin questionneront, à partir d’analyses empiriques et théoriques variées, les violences (sexuelles) faites aux enfants/durant l’enfance et réfléchiront à ce qu’elles font aux enfants et à la catégorie d’enfants, mais aussi à ce que les enfants en font, puis donneront à voir la façon dont ces violences participent à la (re)production des rapports de domination (de genre, d’âge, de classe, et de race). La dernière séance sera consacrée aux travaux des auditeur·es du séminaire.

 

Travail en cours et résultats obtenus

De 2019 à 2021, ce séminaire a donné lieu à la participation de 11 chercheurs : K. Diter, C. Desmitt, V. Chantseva, I. Danic, P. Garnier, I. Delalande, J. Pinsolle, Anne-Charlotte Allam, C. Joigneaux, B. Geay, B. Besse-Patin. Le séminaire a aussi été utilisé pour réaliser un workshop les 9 et 10 octobre 2020, permettant des échanges entre une équipe de recherche arrimée au PRT3 (Action spécifique « Enfances montessoriennes »), des membres du PRT3 (Nicolas Go en particulier) et un chercheur rennais extérieur au CREAD (Christian Le Bart). Des séances communes ont eu lieu avec le séminaire EDI dirigé par Pierre Périer, créant donc des synergies au sein du PRT3. En somme, le séminaire a permis de créer des réseaux significatifs mêlant membres du PRT3, de l’université Rennes 2, chercheurs rennais (hors Rennes 2), chercheurs extérieurs à Rennes, dans le cadre également de projets de recherche du PRT3 et au-delà.